Pourquoi enseigner l’histoire ?
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Dans le dernier dossier du Figaro Histoire, qui se penche sur « l’Histoire à l’école », je reviens dans un long article sur deux siècles de ruptures pédagogiques qui ont marqué cet enseignement essentiel.
Parmi plusieurs articles très fouillés, j’espère que ce modeste travail pourra contribuer à une nouvelle approche d’une question qui me paraît plus urgente que jamais. Alors que notre société est traversée de tensions de plus en plus vives, et sans cesse ramenée à la tentation du communautarisme, l’histoire est plus que jamais d’actualité : son enseignement dans le cadre scolaire devrait contribuer à la faire connaître et partager, et par là à recréer ce lien que l’école a su autrefois susciter entre des générations pourtant divisées comme jamais.
Il ne s’agit pas d’entretenir pour cela des légendes artificielles ou des nostalgies inutiles, mais d’offrir à tous une connaissance authentique de l’histoire, qui puisse rassembler comme seule le permet la recherche honnête de la vérité. C’est seulement en revenant à ce souci de vérité dans l’enseignement que nous pourrons, comme le souhaitait Vincent Peillon, « reconstruire du commun entre tous les enfants de France ».
Quand certains se plaisent à diviser inutilement par la provocation et la caricature, il devient d’autant plus nécessaire de réfléchir ensemble à la façon de mieux transmettre les moyens de la connaissance, et le sentiment de l’unité.
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« Il n’y a pas d’autre pays au monde où l’enseignement de l’histoire soit une question d’Etat. » Antoine Prost décrivait ainsi, en 1984, la fièvre singulière des débats qui, depuis les premiers développements de l’institution scolaire, entourent la transmission de la mémoire. Pourquoi enseigner l’histoire ? En France, cette simple interrogation est une question d’Etat, parce que c’est l’unité de l’Etat qui s’y joue : « Depuis la Révolution, nous sommes un peuple divisé en une droite et une gauche, qui se sont affrontées de façon presque permanente. » Prise dans les clivages politiques qu’elle devrait surmonter, nécessairement captive des conflits idéologiques et mémoriels qui marquent la construction de la France, la pédagogie de l’histoire est à la fois champ de bataille par excellence et clé d’une unité rêvée. « Son importance pour la nation vient des divisions mêmes de celle-ci », conclut Prost.
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On ne s’étonnera donc pas de trouver, dans plus d’un siècle de théories, de manuels, d’instructions et de réformes, la trace de ruptures nombreuses et profondes. Si l’enseignement de l’histoire n’est jamais neutre, faire l’histoire de cet enseignement est, à plus forte raison, une gageure. Cette histoire seconde est néanmoins une nécessité absolue : nécessité didactique, car la pédagogie ne saurait ignorer les projets implicites qui la fondent. Nécessité politique aussi, car c’est aux Français qu’il appartient de déterminer ce qu’ils attendent de l’enseignement de leur histoire à leurs enfants : le débat, dans cette discipline moins que dans toute autre, ne saurait être confisqué par des experts ou des techniciens. (…)
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Le Figaro Histoire, numéro d’octobre-novembre
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