Mayotte a soif
« Nous vivons évidemment une catastrophe humanitaire absolue à Mayotte. Monsieur le Président, je voudrais vous remercier d’avoir mis ce sujet sur la table de la commission REGI, parce qu’il est fondamental que nous puissions nous saisir de cette crise.
D’abord pour comprendre ce que nous vivons. Ce n’est pas une catastrophe naturelle. Bien sûr la sécheresse frappe Mayotte, mais ce que nous vivons, c’est le résultat d’une succession de décisions qui n’ont pas été prises, d’investissements qui n’ont pas été faits, de prévoyance qui n’a pas été garantie à la population de Mayotte. Depuis des années maintenant, nous alertons sur le sujet.
Les résultats désastreux de l’usine de dessalement
Je voudrais remercier les députés Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa qui eux aussi font ce travail d’alerter sur la situation depuis longtemps. La première fois que j’ai travaillé avec Mansour Kamardine sur un sujet mahorais, c’était sur les résultats désastreux de l’usine de dessalement qui ne produit pas le service qu’elle devrait rendre aux Mahorais. Depuis des mois, depuis des années même, on pouvait savoir que cette situation conduirait à la crise que nous connaissons aujourd’hui.
Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation, il n’y a pas d’eau dans le robinet aujourd’hui. Ces tours d’eau sont simplement devenus de plus en plus longs, et l’eau devenue de plus en plus rare, ce qui fait que nous en arrivons à une situation telle qu’il y a des enfants à l’hôpital pour manque d’eau, parce qu’ils n’ont pas de quoi s’hydrater.
La piste d’un déblocage du FEDER
Cette situation désastreuse, nous devons comprendre comment elle a pu se produire. Où sont les 77 millions d’euros que le FEDER devait consacrer à la gestion de l’eau à Mayotte ? Comment ont-ils été mobilisés ? Quels résultats ont-ils donné ? Il y a un vrai travail à faire de diagnostic. Mais pour l’instant, il faut réagir en urgence, nous sommes en train de parler d’un bien de première nécessité. Il ne s’agit pas d’infrastructures de long terme, il ne s’agit pas ici de penser à des réformes en profondeur, il faut apporter de l’eau potable. Et l’eau potable est un bien absolument nécessaire à la vie, dans un département français, sur un territoire européen. Nous savons que beaucoup des dispositifs dont nous avons parlé – je pense par exemple au FSE – mettent du temps avant de se débloquer. Je crois à la piste que vous évoquiez d’un déblocage du FEDER pour pouvoir faire en sorte qu’il serve à acheter de l’eau potable à des pays tiers en urgence. Bien sûr, ça n’est pas ce dont nous aurions rêvé. Bien sûr, nous préférerions que Mayotte soit autonome en eau. Mais aujourd’hui, il faut répondre à l’urgence : il faut que les Mahorais qui sont obligés d’acheter à prix exorbitant de l’eau potable en bouteille, alors qu’ils vivent pour beaucoup d’entre eux sous le seuil de pauvreté, puissent se voir apporter de la manière la plus rapide qui soit cette eau dont ils manquent. Et si notre débat d’aujourd’hui peut servir à obtenir une décision en urgence, il aura été très utile. »
Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation.