Renouvellement de la flotte de pêche dans les outre-mer : une urgence absolue
Intervention de François-Xavier Bellamy, député du groupe PPE membre de la commission de la pêche
La question du renouvellement de la flotte est sans doute l’une des questions les plus désolantes que nous ayons eues à traiter, et à traiter à nouveau, au cours de ce mandat.
Désolante parce que, depuis des années maintenant, le Parlement a fait un choix clair – et même nos prédécesseurs ont voté ici au cours du dernier mandat – pour demander que soient enfin libérés les moyens nécessaires pour soutenir le renouvellement de la flotte dans les régions ultrapériphériques. Et aujourd’hui encore, nous en sommes au même point, à des réponses qui, finalement, n’arrivent jamais à la conclusion nécessaire, et à des manœuvres dilatoires qui ne cessent de retarder le fait que soient enfin mis sur la table les fonds dont les pêcheurs ont besoin pour renouveler leur flotte.
Vous l’avez dit, Monsieur le Président, nous parlons ici de sécurité. Nous parlons de la vie et de la mort de ceux qui vont en mer pour pouvoir nourrir les Européens. Nous parlons aussi de l’attractivité du métier et du renouvellement de la flotte. Nous parlons du confort à bord qui est évidemment nécessaire. Nous parlons donc de la capacité à continuer de produire dans nos pays.
Vous disiez, Monsieur le Président, si les bateaux ne sont pas renouvelés, alors ce sont des filières entières qui vont s’effondrer, qui ne seront pas remplacées.
Elles seront en réalité évidemment remplacées par les importations. Elles seront remplacées par une pêche que nous importons. Et cette pêche-là, La Commission sait-elle qu’elle est massivement subventionnée ? Prenons l’exemple simple de la Réunion, de Mayotte : Comment ne pas voir que, dans l’océan Indien, aujourd’hui, partout, nous voyons une pêche chinoise, une pêche indienne, une pêche iranienne, une pêche africaine qui sont en réalité largement équipées par des moyens publics, y compris, et c’est là le sujet de révolte le plus absolu, des pêcheurs européens, par des moyens publics européens.
Nous ne parlons pas d’augmenter l’effort de pêche ! Nous parlons seulement de la possibilité de le poursuivre.
J’ai été rapporteur pour l’accord de pêche que nous avons renouvelé récemment avec l’île Maurice.
Dans cet accord de pêche, la Commission européenne, l’Union européenne, met à disposition des pêcheurs mauriciens des moyens pour renouveler leur flotte. Donc les pêcheurs de la Réunion, les pêcheurs de Mayotte auxquels la Commission interdit de recourir à des fonds que même nos États seraient prêts à mettre sur la table pour les aider à investir dans leur avenir, voient arriver dans leurs eaux, dans nos eaux, dans les eaux internationales, des bateaux neufs financés avec des fonds européens qui leur sont à eux refusés.
Comment est-ce possible de comprendre une telle contradiction ?
Alors on nous dit il y a la dimension environnementale, il y a l’impact environnemental ; il y a les infos sur les subventions dangereuses pour l’environnement ; mais nous ne parlons pas d’augmenter l’effort de pêche ! Nous parlons seulement de la possibilité de le poursuivre. Et surtout, nous parlons d’une pêche dont l’impact est de toute façon très modeste. Comment est-ce qu’on peut expliquer à des pêcheurs – prenez par exemple sur la flotte thonière, dont la totalité des captures autorisée est 30 tonnes de thon albacore par an – qu’on ne veuille pas renouveler leur flotte alors que les senneurs européens ont droit au total à 73 000 tonnes ?
Évidemment, ce n’est pas là que se trouve le problème environnemental.
Donc nous commettons un contresens économique, un contresens géopolitique et une faute majeure contre le choix démocratique du Parlement et des institutions européennes, une faute majeure contre les pêcheurs européens. Et c’est en leur nom, je crois, qu’il est temps, maintenant, que nous sortions des discours qui tournent autour du problème pour aller enfin à la résolution. Nous espérons que dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, avant la fin de ce mandat, en tous les cas, nous aurons de la part de la Commission enfin une vraie réponse qui ne soit pas seulement l’ajout de lignes directrices supplémentaires, mais une réponse concrète pour permettre de débloquer ces fonds qui sont attendus avec tant d’urgence par les pêcheurs européens. Merci beaucoup.