Non, Monsieur Macron, tout le monde n’est pas à vendre.
Lettre ouverte initialement parue dans Le Figaro, signée avec Olivier Marleix, Arnaud Danjean, David Lisnard, Virginie Duby-Muller, Julien Aubert et Philippe Juvin.
Monsieur le président, en 2017, au lendemain de votre élection, vous vous êtes inventé une majorité avec ceux qui, de droite ou de gauche, avaient vu les portes de leur destinée se refermer devant eux au sein de leur famille politique.
L’absence de plateforme programmatique aurait dû faire paraître douteux ces ralliements sans condition, mais l’enthousiasme suscité par votre élection chez les commentateurs ne leur permettait pas de dénoncer ces démarches pour ce qu’elles étaient : motivées par l’appétit pour le fameux plat de lentilles. Le manque de cohérence programmatique était tel qu’on pouvait croiser dans votre entourage, pêle-mêle, François Bayrou et Robert Hue, quand vous n’alliez pas faire votre cour à Philippe de Villiers.
L’histoire a montré depuis quatre ans que vous-même ne vous embarrassiez pas de cohérence idéologique. Quelle aura été la ligne de votre politique ? Vous annonciez une « révolution », vous n’aurez été, pour l’essentiel, que le continuateur de François Hollande. Après tout, c’est pour le soutenir que vous étiez entré à l’Élysée en 2012, puis à Bercy ; vous êtes désormais comptable de neuf ans de décrochage sans précédent de la France. Vous prétendiez libérer l’économie ? Vous laissez le pays sous le poids d’une dette sans précédent dont la crise sanitaire actuelle n’est que l’excuse – vous n’aurez fait aucun effort pour maîtriser les dépenses publiques, et redonner ainsi une capacité d’action à l’État, depuis le début de votre quinquennat.
Sur le plan économique et social, le « nouveau monde » n’aura offert qu’une énième redite de cette politique sociale-démocrate, faite d’ouverture aveugle au grand marché mondial et de redistribution asphyxiante, sur laquelle se fracasse notre économie depuis quarante ans.
Dans cette continuité aussi, le sans-frontiérisme érigé en dogme aura mené, sous votre responsabilité, à une accélération sans précédent de l’immigration dans notre pays.
Au terme de votre mandat, l’absence d’action, le refus de prendre à bras- le-corps les problèmes qui crèvent les yeux de chacun auront fini d’hystériser notre vie politique et de désespérer les Français. Toute votre énergie est mobilisée non pas à régler ces problèmes, mais à tenter de faire disparaître la seule alternative possible autre que le RN. Votre seule ambition se résume désormais à être un président par défaut en 2022.
Mais vous n’y parviendrez pas. Non, monsieur le président, tout ne s’achète pas. Tout le monde n’est pas à vendre. Notre famille politique est issue du gaullisme. En juin 1940, jugeant moralement inacceptable et insensée au regard de l’histoire – passée et à venir – l’acceptation de la défaite, le général de Gaulle n’a pas hésité à tout risquer pour défendre une certaine idée de la France. Même si elle n’en fut pas toujours digne, cette noblesse d’âme et d’action est l’histoire de notre famille politique.
Notre génération croit fermement que cette morale de l’action, ce courage, cette fidélité, sont plus que jamais nécessaires pour réconcilier les Français. Nous voulons une autre politique que ce sauve-qui-peut des gens heureux quand tant de Français souffrent de notre déclin. Nous voulons rompre avec ce déclin ; et pour cela, renouer avec les priorités que nous n’avons cessé de défendre.
Reconstruire l’économie du pays en donnant la priorité à nos entrepreneurs, plutôt qu’à des investisseurs étrangers comme vous n’avez cessé de le faire, est une ambition qui peut réconcilier le patron et le salarié. Valoriser l’activité et le travail, chercher à faire une place à chacun dans l’économie plutôt qu’étendre une assistance qui relègue, décourage et ruine, est une autre vision du pacte social.
Reprendre en main nos frontières, démanteler les réseaux de passeurs et accompagner les progrès économiques de l’Afrique est la seule façon de répondre au défi migratoire. Restaurer l’autorité de l’État en réformant notre politique pénale pour mettre fin à l’impunité des délinquants est un préalable à la restauration de la confiance dans les institutions et la justice.
Ces convictions, contre toutes vos tentatives de débauchages et de confusion, nous continuerons de les défendre dans le débat public. Les Français ont besoin d’un espoir et l’avenir de chacun de nous n’est qu’un détail au regard de cette responsabilité historique. Non, monsieur le président, tout ne s’achète pas. Il y a des hommes et des femmes qui placent leurs convictions avant leurs ambitions personnelles. Notre devoir est de proposer un autre avenir aux Français, pas de vous servir de roue de secours. Le vôtre est de tenter de vous montrer, autant que vous le pourrez, à la hauteur de vos fonctions pendant les douze mois qui vous restent, pas de vous prêter à d’affligeantes manoeuvres politiciennes. Notre devoir, nous allons l’assumer en proposant un projet neuf de redressement de notre pays, avec des personnalités nouvelles et des idées fortes.