Congrès du PPE à Bucarest : un changement de cap

Le  Congrès du PPE à Bucarest a été l’occasion de travail intense avec des élus de toute l’Europe, pour défendre nos priorités et préparer l’avenir. 

 

Le résultat du congrès du PPE montre que notre ligne a été largement partagée ; nous avons été les premiers à dire la nécessité d’un nouveau cap, et nous continuerons à porter cet impératif dans les moments décisifs qui s’annoncent pour l’Europe.


Du congrès de Forza Italia à Rome au congrès du PPE à Bucarest

 


Remettre l’Europe agricole à l’endroit

À l’issue du Salon International de l’Agriculture 2024, François-Xavier Bellamy et Céline Imart partagent leurs premières propositions pour l’avenir de notre agriculture, dans le JDD.

Inverser la logique de la pression : voilà ce qu’attendent les agriculteurs, qui font vivre nos filières d’excellence, créent notre alimentation, contribuent à notre énergie, captent le carbone, entretiennent la nature. Ils sont pourtant déconsidérés, écrasés de défiance, de contraintes et de soupçons ; tout ce que le travail de la terre devrait leur apporter – salaire, reconnaissance, dignité – leur est retiré.

L’enjeu des années qui viennent est vital :

La France doit échapper à la dépendance alimentaire et les agriculteurs retrouver le revenu qui leur permettra de vivre de leur travail. Pour y parvenir, il est impossible de produire moins. Certains en ont fait un tabou : en matière alimentaire, produire est pourtant un enjeu de sécurité, de santé, de souveraineté et la condition pour sortir de l’appauvrissement dans lequel s’enlise notre agriculture (16 % des foyers d’exploitants vivaient en 2020 sous le seuil de pauvreté).

Leurs problèmes, leur colère, sont les symptômes des détresses de la France qui travaille. De la France des entreprises, grandes ou petites, de ce tissu de courage et de responsabilité qui fait la richesse du pays.

Le Salon de l’agriculture ferme ses portes, mais nous n’avons pas le droit de tourner la page et de laisser l’actualité imposer d’autres sujets. Bien loin des petites phrases et des coups de com, nous avons pris ce temps pour écouter et échanger. Nous savons que la révolte du monde agricole ne finira pas tant qu’il n’aura pas obtenu les réponses auxquelles il a droit.

Notre première proposition est très concrète :

Ajouter au principe de non-régression du droit de l’environnement, un principe de non-régression économique.

Aucune règle ne doit être votée si elle implique une baisse de la production en Europe. Ces deux principes sont liés, puisque ce que nous cessons de produire dans nos pays, nous devons l’importer d’une production extra-européenne bien moins respectueuse de la nature. La responsabilité écologique n’implique pas que nos agriculteurs tombent en voie d’extinction.

Deuxième piste, mener enfin à bien ce qu’aucun gouvernement macroniste n’aura tenu :

Un grand plan de suppression des surtranspositions françaises pour nous aligner sur les standards européens.

Il y faudra de la détermination, mais la fin de la concurrence déloyale en Europe est à ce prix. Il n’y a aucune raison, concernant une politique partagée en Europe, d’appliquer des règles plus complexes en France que chez nos voisins.

Notre troisième proposition veut inverser la logique de la pression qui pèse aujourd’hui sur les agriculteurs, entrepreneurs du vivant.

La machine à produire de la norme qu’est devenue la Commission européenne s’est emballée. Pour imposer des règles au pouvoir réglementaire, il faut imposer que l’évaluation des politiques déjà appliquées soit obligatoire avant d’envisager tout renforcement des mesures les constituant. Par ailleurs, chaque nouveau texte doit obligatoirement prendre en compte la conclusion des études d’impact, avec l’évaluation d’un bilan complet du coût et des avantages, incluant les conséquences économiques et sociales des mesures envisagées.

Aujourd’hui, trop d’associations, dont la seule raison d’être est d’obtenir des subventions, sous couvert de défense de la planète, s’attaquent sans discontinuer à notre agriculture, pourtant la plus vertueuse et durable du monde. Elles s’opposent à tout projet, à toute avancée, à tout vote des élus locaux en matière de projet agricole. Contre les mouvements qui prétendent faire la loi y compris par la violence, il est temps que l’autorité publique sorte de la complaisance : nous demandons la suppression définitive de toute subvention pour chaque mouvement qui pénètre illégalement dans une exploitation ou entrave le travail des agriculteurs.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

Durant le mandat qui s’achève, les députés européens LR ont lutté aux côtés des agriculteurs contre le projet de la décroissance agricole, porté par l’alliance de la gauche et des macronistes. Avec Anne Sander, nous avons écarté le pire du texte « Restauration de la nature », le gel de 10 % des surfaces agricoles, qui allait faire chuter la production alimentaire en Europe. Ces derniers jours encore, nous avons travaillé pour retirer l’élevage des normes appliquées aux industries polluantes ou empêcher la création d’un permis tracteur. Donnant la priorité à des filières fragilisées, nous avons voté contre les accords de libre-échange qui pouvaient les menacer.

Nous sommes maintenant à la croisée des chemins pour notre continent.

De ces combats menés par les élus LR pour le monde agricole, de notre expérience et de notre détermination dans la durée, nous voulons faire l’occasion d’un travail de long terme, pour remettre l’Europe agricole à l’endroit.

 


François-Xavier Bellamy, Céline Imart et Eric Ciotti à la rencontre des éleveurs de Seine-et-Marne. Plus que des effets d’annonces, nos agriculteurs ont besoin de mesures concrètes et d’une vision à long terme pour pouvoir vivre dignement de leur métier et protéger la souveraineté de notre pays. 

 

Vive nos terroirs, vive l’agriculture et vive la France ! 

Sortir de l’appauvrissement en retrouvant la liberté

Contrainte publique

Intervention en hémicycle lors de la plénière de février 2024

Monsieur le Commissaire, en 2023, le PIB américain a augmenté cinq fois plus vite que le PIB européen. Nous partions de la même situation en 1980. Aujourd’hui, le PIB par habitant en France, dans mon pays, est 40 % inférieur à celui des États-Unis.

Nous voyons bien que l’Europe s’enlise dans le décrochage économique.

Et les causes sont très faciles à connaître. Elles sont simples. Première d’entre elles : la fragilité démographique, mais aussi le décrochage de notre éducation, le faible investissement dans la recherche et l’innovation, le coût de l’énergie pour des choix industriels désastreux que nous payons aujourd’hui. Mais, plus grave que tout  encore, le coût écrasant de la complexité normative qui asphyxie nos entreprises.

La contrainte publique, le poids des charges, le poids de la fiscalité sont devenus leur premier problème et leur premier danger. 

Nous ne sommes pas aujourd’hui en Europe en train de décrocher parce que nous aurions trouvé plus fort que nous devant nous, mais nous sommes en train de décrocher, parce que ceux qui travaillent en Europe, ceux qui produisent en Europe, savent que la contrainte publique, le poids des charges, le poids de la fiscalité sont devenus leur premier problème et leur premier danger. C’est le scandale majeur.

La politique doit soutenir ceux qui travaillent ; elle est devenue leur obstacle.

Pour sortir du déclin, nous avons besoin de retrouver cette sagesse simple : celle de la liberté. Et tant que nous continuerons de rendre la vie impossible à ceux qui  travaillent dans nos pays, nous continuerons de trouver le chemin de la pauvreté et de la sortie de l’histoire. Merci beaucoup.


L’Europe n’est pas à Bakou, elle est à Yerablur

Yerablur

Intervention de François-Xavier Bellamy lors de la séance plénière de février, à Strasbourg

Monsieur le Président, hier, le 26 février, l’ambassadeur d’Azerbaïdjan auprès de l’Union européenne, Vaqif Sadiqov, a écrit : « depuis 1992, l’Arménie est gouvernée par des fascistes assoiffés de sang. Ils resteront fascistes jusqu’à finir à Yerablur ». Yerablur, c’est le cimetière militaire arménien auquel la violence azérie a condamné des milliers de jeunes de 20 ans ces dernières années. Ils ne demandaient rien d’autre que de vivre en paix sur la terre de leur peuple.

Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan menace, après le Haut-Karabakh, le territoire de la République d’Arménie.

Yerablur nous regarde aussi. Si Aliev se sent tout permis, c’est qu’après avoir assiégé une population civile, après un déplacement et un nettoyage ethnique, après l’agression, les bombes à sous munitions, la Commission européenne l’a déclaré un partenaire fiable et lui a acheté plus de gaz. Pourquoi ne se sentirait-il pas tout permis ?

Chers collègues, il est temps d’agir enfin et de comprendre que l’Europe n’a plus le droit au silence. Il est temps de dire à M. Sadiqov que l’Europe n’est pas à Bakou, qu’elle est du côté de la démocratie et de la liberté, du côté de la civilisation que nous partageons avec l’Arménie, qu’elle est dans ce lieu où je suis allé et dont je ne suis pas revenu le même. L’Europe est à Yerablur.


Revoir l’intervention

À nous de rendre la liberté à ceux qui travaillent, créent et produisent

Réflexion sur les enjeux de la politique commerciale européenne, et sur les accords de libre-échange.

libre-échange

100 milliards d’euros : notre déficit commercial touche son deuxième record historique en 2023.

La France ne retrouvera pas sa prospérité en rêvant d’exporter ses contraintes et ses charges ailleurs : à nous de rendre la liberté à ceux qui travaillent, créent, produisent. La position que les députés LR défendent au Parlement européen est claire : c’est le pragmatisme.


Agriculture : que chacun assume son bilan et sa responsabilité

Réponse à Jérémy Decerle en hémicycle au cours d’un débat sur l’agriculture européenne

Cher collègue, vous dites opportunément maintenant qu’il ne faut pas polariser le sujet de l’agriculture, mais vous souvenez-vous du moment où vous votiez pour la loi sur la restauration de la nature ? Et nous étions critiqués au PPE par vous ou par vos collègues parce que nous alertions sur le fait que ce texte allait faire baisser de 10 % la surface agricole utile en Europe ? Vous rappelez-vous le moment où notre délégation avait alerté sur la stratégie « De la ferme à la fourchette », que vous avez votée ?

Vous dites qu’il ne faut pas importer l’agriculture que nous ne voulons pas produire. Mais vous rappelez-vous avoir voté pour l’accord avec la Nouvelle-Zélande, que nous n’avons pas voté, parce qu’il va contribuer à faire venir sur notre sol des tonnes de produits que nous ne produisons pas chez nous : 30 000 tonnes d’agneaux, 20 000 tonnes de lait en poudre, développé avec des techniques que nous refusons à nos propres agriculteurs ?

Il est temps aussi de faire le bilan de ce que chacun assume et de regarder en face les responsabilités de nos groupes respectifs. Si nous voulons vraiment défendre l’agriculture, nous lui devons la vérité.


Revoir l’intervention : 

Derrière la culpabilisation de l’histoire européenne, le débat sur le communisme

Récit par le JDD de la bataille menée par François-Xavier Bellamy, dans le débat sur la culpabilisation de l’histoire européenne 

[…] Mais un détail étonne pourtant : lors de l’adoption par le Parlement de cette résolution, le texte ne porte plus le nom de son rapporteur initial, mais celui de Sabine Verheyen, membre allemande de la droite européenne du PPE. Plus étonnant encore : certains eurodéputés du PPE ont voté pour cette résolution ! Summum de l’absurde : le député européen François-Xavier Bellamy, connu pour son attachement à la civilisation européenne et à « l’urgence de transmettre » s’est abstenu.
Ces incongruités s’expliquent par la tournure relativement inattendue qu’ont pris les débats. En recevant le texte initial « absolument délirant, du wokisme pur », Bellamy décide de déposer des amendements. Il propose par exemple de remplacer « le passé complexe, conflictuel et contesté de l’Europe » par « l’histoire millénaire et la richesse de son héritage » ; « les Européens doivent accepter leur passé » par « connaître leur passé », il propose également d’ajouter « l’héritage gréco-latin et l’influence de la culture judéo-chrétienne en Europe [qui] ont participé à l’émergence d’un sens commun et d’une conscience partagée de l’histoire »…

Mais François-Xavier Bellamy propose surtout un amendement visant à inscrire le « communisme » dans les totalitarismes qui ont ensanglanté l’Europe au XXème siècle.

Ses collègues d’Europe centrale et orientale soutiennent immédiatement la démarche, et les eurodéputés se chargent alors de trouver une majorité.

Le débat change alors de nature et se cristallise autour de ce sujet : les élus de l’Est rêvent de rapporter un texte du Parlement européen condamnant le communisme pour le présenter à leurs électeurs ; une partie de la gauche ne digère pas l’affront. À commencer par le rapporteur du texte Niyazi Kizilyürek. Mais l’amendement est adopté. Furieux, ce dernier abandonne son texte – ce qui n’arrive absolument jamais – pour prendre la tête de l’opposition à ce texte. Et c’est la présidente de la commission dans laquelle il est présenté qui en écope. La fameuse eurodéputée allemande du PPE, qui n’a pas écrit une ligne de ladite résolution.

Puisque le débat s’est cristallisé autour de la reconnaissance des crimes du communisme soviétique, que faire ?

Le débat s’ouvre au sein du PPE. Certains députés des pays de l’Est décident de voter le texte, heureux de cette première criminalisation du communisme par le Parlement européen.

« Il faut bien comprendre que les eurodéputés qui viennent de ces pays-là et qui siègent à droite sont souvent des dissidents de l’Union soviétique, qui ont entamé leur engagement politique de l’autre côté du rideau de fer. Cette bataille-là les a intéressés plus que quiconque, elle était vraiment primordiale pour eux », détaille François-Xavier Bellamy.

Si lui s’est abstenu, c’est parce qu’il « n’imaginait absolument pas voter un tel texte », mais il ne souhaitait pas non plus renforcer l’opposition au texte qui dépassait le texte lui-même. « À partir du moment où la gauche a fait du rejet de ce texte une bataille idéologique pour refuser l’inscription du communisme parmi les fléaux du siècle dernier, je n’imaginais pas voter avec eux. »

« Ces textes n’ont aucune portée législative pour quiconque »

Reste que la résolution est adoptée, qui encourage les États membres à dépasser leurs histoires nationales au profit d’une histoire européenne et qui résume cette dernière à ses pages sombres. « Il faut bien comprendre que ces textes n’ont aucune portée législative pour quiconque, et qu’ils ne sont évidemment pas contraignants, se défend encore François-Xavier Bellamy. Ils servent de terrain de jeu à des confrontations idéologiques. Ils ne sont pas neutres et peuvent alimenter la jurisprudence lorsque cela s’y prête, ce qui n’est pas le cas en l’espèce ». En effet, dans l’Union européenne, seule la Commission a le droit d’initiative, et donc le pouvoir de créer des textes déterminants et contraignants. […]

De quoi meurt notre agriculture ?

De quoi meurt notre agriculture ? François-Xavier Bellamy et Anne Sander Illustration de Fabien Clairfond / Le Figaro

Tribune parue dans la Figaro le 22 janvier 2024

La crise actuelle est la conséquence directe de la politique menée par la Commission européenne qui, en prônant la décroissance et en multipliant les normes qui pèsent sur les exploitations, a asphyxié le monde agricole, déplorent les deux députés européens*.

De quoi meurt notre agriculture ? Il est des conversions subites à la cause rurale qui ne sauraient faire oublier que la crise que nous traversons a été voulue, choisie, planifiée, en dépit du bon sens et contre nos intérêts essentiels, au cours des dernières années – et particulièrement pendant le mandat européen qui s’achève.

Tout était écrit. Lorsque la Commission européenne a publié en mai 2020 sa stratégie dite « Farm to Fork » (« De la ferme à la fourchette »), le principe était clair : la « transition verte » de l’agriculture européenne imposait sa décroissance. Et ses conséquences prévisibles… Les agriculteurs avaient alerté immédiatement. Confirmant leurs inquiétudes, deux études d’impact avaient été publiées, la première par des universités allemandes, la seconde par le Département de l’agriculture des États-Unis. Toutes deux convergeaient sur ce point : la multiplication des normes qui se dessinait pour l’agriculture européenne, l’augmentation des jachères, la diminution drastique des protections phytosanitaires allaient produire une chute sans précédent de notre production agricole, qui inquiétait jusqu’à nos concurrents américains.

Avec notre groupe PPE, nous avons immédiatement dénoncé la gravité du danger. Mais nos alertes ont été balayées d’un revers de main par les promoteurs de cet agenda, directement écrit par l’écologie politique, et porté dans les institutions par la gauche, les verts et les élus macronistes.

Avec notre groupe PPE, nous avons immédiatement dénoncé la gravité du danger. Mais nos alertes ont été balayées d’un revers de main par les promoteurs de cet agenda, directement écrit par l’écologie politique, et porté dans les institutions par la gauche, les verts et les élus macronistes. Parmi eux, le président de la commission de l’Environnement, Pascal Canfin, lui-même issu des rangs écologistes, aura systématiquement choisi la ligne la plus radicale en matière de contraintes imposées au monde agricole, malgré les signaux d’alarme. Ces estimations étaient fausses, nous répondait-on ; les chercheurs universitaires avaient bien dû être compromis par quelque lobby agricole, et les Américains jouaient la désinformation.

Las, la troisième étude d’impact, publiée cette fois par les experts de la Commission européenne elle-même, confirmait les pires hypothèses : la stratégie « Farm to Fork » devait entraîner une baisse de production de 13 % d’ici à 2030.

Concrètement, cela devait impliquer une augmentation forte des prix de l’alimentation pour les consommateurs, une coupe estimée à 16 % du salaire des agriculteurs – qui comptent déjà parmi les plus bas revenus dans la plupart de nos pays…

La souveraineté alimentaire de nos États ne pouvait qu’en être encore fragilisée : alors que la France est devenue déficitaire dans sa balance commerciale agricole en 2019, les experts de la Commission prévoyaient que ces nouvelles normes européennes accroîtraient encore fortement notre dépendance aux importations pour le colza, le soja, le tournesol, le boeuf, et la doubleraient même pour les fruits et légumes !

Plus tragique encore, cette situation aurait aussi un impact sur bien des pays extra-européens qui dépendent de nos exportations pour se nourrir : en Afrique en particulier, anticipait l’étude d’impact, 22 millions de personnes basculeraient dans « l’insécurité alimentaire », un mot pudique pour dire la famine, faute de pouvoir compter sur la production de nos agriculteurs.

Malgré cette perspective désastreuse, la Commission, imperturbable, a mis en oeuvre son projet, et les nouvelles réglementations se sont succédé.

La loi dite « restauration de la nature » aura constitué un moment emblématique. Nous nous y sommes opposés dès le départ, négociant pied à pied pour éviter le pire, tout en continuant de combattre le principe même d’un texte dont le but reste toujours d’organiser la décroissance. Mentionnons, parmi d’autres points, le danger majeur que représentait le gel supplémentaire de 10 % des surfaces agricoles que cette loi voulait imposer à nos paysans. Alors que le RN était absent des négociations, nos nombreux amendements ont heureusement permis d’écarter cette règle folle, et d’autres encore ; mais le texte final a été adopté à 12 voix près, avec le soutien unanime des élus macronistes.

La vérité, c’est que les agriculteurs européens ont déjà fait d’immenses efforts, et ont aujourd’hui les standards environnementaux les plus élevés au monde. Leur imposer des normes intenables, faire baisser leur production, c’est offrir des parts de nos marchés à une alimentation produite dans des pays tiers qui ne s’embarrassent pas d’exigence écologique. C’est donc renforcer les modèles de production qui sont les plus destructeurs du climat et de la biodiversité…

Notre opposition déterminée à cette fuite en avant normative nous aura valu d’être accusés sans relâche par ses promoteurs, et par Pascal Canfin le premier, qui nous décrivait dans Le Monde comme les représentants d’un « trumpisme européen » parce que nous avons l’audace de défendre les agriculteurs… Nous demandons depuis un an un moratoire législatif pour leur permettre de reprendre leur souffle et de travailler, simplement. Après les attaques si virulentes de son camp, quelle stupéfaction d’entendre Emmanuel Macron reprendre finalement nos mots, en parlant à son tour de « pause environnementale ».

Mais le double jeu continue : seul le vocabulaire a changé.

De nouvelles normes à Bruxelles en surtranspositions à Paris, le macronisme continue de rendre la vie impossible à tous ceux qui nous font vivre. Pascal Canfin propose maintenant d’assumer clairement la décroissance de l’élevage, partant du principe que des « technologies capables de fabriquer du lait en laboratoire » permettront bientôt de « se passer totalement de vaches », quand Bruno Le Maire fait la promotion de la viande de synthèse. Que le macronisme n’ose plus jamais dire qu’il défend les agriculteurs !

Il ne défend pas plus la nature, d’ailleurs. La vérité, c’est que les agriculteurs européens ont déjà fait d’immenses efforts, et ont aujourd’hui les standards environnementaux les plus élevés au monde. Leur imposer des normes intenables, faire baisser leur production, c’est offrir des parts de nos marchés à une alimentation produite dans des pays tiers qui ne s’embarrassent pas d’exigence écologique. C’est donc renforcer les modèles de production qui sont les plus destructeurs du climat et de la biodiversité…

Cette logique détruit, en même temps, nos emplois, notre souveraineté et la planète : contresens absolu.

Les mêmes élus macronistes qui défendent la décroissance agricole de l’Europe au nom de l’environnement, ont voté l’accord commercial avec la Nouvelle-Zélande : après avoir fustigé l’empreinte carbone des éleveurs européens, M. Canfin et ses collègues font donc venir du bout du monde des tonnes de lait en poudre et des conteneurs d’agneaux stockés dans de l’azote liquide… Oui, on marche sur la tête. Il n’est jamais trop tard pour se réveiller. Ce sera l’enjeu crucial de l’élection européenne qui vient.

François-Xavier Bellamy est député au Parlement européen, président de la délégation française du groupe PPE
Anne Sander est députée LR au Parlement européen et négociatrice de la PAC pour le groupe PPE.


Défense de la culture de la banane européenne

Question écrite adressée à la Commission européenne le 23 janvier 2024, concernant la défense de la culture de la banane européenne et des ACP face à la concurrence de la banane « dollar »

François-Xavier Bellamy est membre du groupe PPE au Parlement européen.

banane

Pour les régions ultrapériphériques et nombre de nos pays partenaires, notamment en Afrique, dans les Caraïbes et dans la région du Pacifique (pays ACP), la filière de la banane est vertueuse, structurante pour l’économie et engagée dans la transition écologique.

Elle fait cependant face à une concurrence écrasante et croissante de la banane « dollar » sud-américaine, qui représente 75 % des bananes du marché européen et bénéficie de normes sociales et environnementales moins strictes que les normes européennes.

Pourtant, dans le cadre de l’accord de partenariat avec les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale, la Commission européenne avait négocié un mécanisme de stabilisation, désormais parvenu à expiration, pour le secteur de la banane. Ce mécanisme permettait de suspendre temporairement les préférences commerciales lorsqu’un seuil d’importation était dépassé. Malgré des dépassements de seuils récurrents, il n’a jamais été déclenché, au détriment des filières de l’Union et des pays ACP.

  1. La Commission s’engage-t-elle à prendre des mesures de sauvegarde en faveur des producteurs de bananes de l’Union et des pays ACP ?
  2. S’engage-t-elle par ailleurs à sanctuariser le droit de douane visant les producteurs d’Amérique latine, qui s’élève à 75 euros par tonne exportée sur le marché européen ?
  3. Quelles autres mesures entend-elle instaurer en faveur des filières européennes pour remédier à cette asymétrie concurrentielle croissante ?

 

Question déposée par les députés François-Xavier Bellamy, Anne Sander, Arnaud Danjean, Max Orville, Sandro Gozi, Marie-Pierre Vedrenne, , Laurence Farreng, Dominique Riquet, Nora Mebarek, Stéphane Bijoux, Sylvie Brunet, Jérémy Decerle, Gabriel Mato, Fabienne Keller, Catherine Chabaud, Carlos Zorrinho, Valérie Hayer, Cláudia Monteiro de Aguiar, Olivier Chastel, Ilana Cicurel, Nathalie Loiseau, Pierre Karleskind, Bernard Guetta, Helmut Geuking, Irène Tolleret, Isabel Carvalhais, Pierrette Herzberger-Fofana. 

Financement des ONG : seuls contre la gauche et les macronistes, nous luttons pour la transparence

Beaucoup d’ONG exercent une influence majeure sur les institutions européennes. Pour empêcher le risque d’ingérences, montré clairement par le Qatargate, nous avons proposé de renforcer la transparence de leur financement. Pourquoi la gauche et les macronistes s’y opposent-ils ?