Archive d’étiquettes pour : travail parlementaire

Mayotte a soif. Et que deviennent les fonds européens qui devaient permettre d’investir ?

François-Xavier Bellamy est intervenu en session plénière du Parlement européen pour alerter de nouveau sur le manque d’accès à l’eau à Mayotte et dans certaines régions de pays de l’UE, après plusieurs interventions en réunions de commission, et pour appeler les gouvernements des États-membres à agir enfin.

« Mayotte a soif.

Dans un département français, dans un département d’Europe, il y a aujourd’hui des habitants qui ne peuvent pas ouvrir le robinet plusieurs heures par jour, plusieurs jours par semaine. Des habitants qui ne peuvent pas boire l’eau qui coule du robinet sans craindre pour leur santé. Il y a aujourd’hui un département français où les enfants doivent être soignés parce qu’ils sont tombés malades pour avoir bu de l’eau supposée potable. C’est la réalité de la situation que vivent aujourd’hui nos concitoyens.

Et chers collègues, ce ne sont pas seulement les Mahorais, mais ce sont aussi les habitants de la Guadeloupe, de la Martinique, de nos outre-mer. Et c’est dans beaucoup de territoires de nos pays aujourd’hui, un véritable défi que celui qui consiste à faire en sorte que tous les citoyens aient accès à ce qui n’est pas un bien parmi d’autres, mais le bien le plus essentiel, l’eau – le plus nécessaire à la vie.

L’Union européenne verse des aides au développement massives, y compris dans cette région du monde. Mais où sont passés les fonds européens qui étaient supposés faire en sorte d’offrir à Mayotte les moyens de désaliniser l’eau ?

L’Union européenne verse des aides au développement massives, y compris dans cette région du monde. Mais où sont passés les fonds européens qui étaient supposés faire en sorte d’offrir à Mayotte les moyens de désaliniser l’eau ? Aujourd’hui, à la fin du mois d’octobre, les réserves en eau de Mayotte pourraient être complètement vides et les habitants doivent payer une eau hors de prix, et en payant simultanément leurs factures plutôt que de pouvoir compter sur l’eau qu’ils pourraient produire.

Chers collègues, nous n’avons pas attendu pour nous saisir de cette question. Depuis plusieurs semaines, le Parlement alerte sur ce sujet, mais nous attendons maintenant des actes de nos gouvernements de l’Union européenne pour sortir de cette situation intenable. »

Peut-on changer l’UE de l’intérieur ?

Extrait d’un entretien paru dans  le magazine La Nef en septembre 2023.

[…]

Être député européen a-t-il changé votre vision de l’Europe ?

J’ai évidemment beaucoup appris, mais je ne crois pas avoir changé radicalement de perspective. Je continue de penser que l’Union européenne est aujourd’hui le synonyme d’une forme de dépossession pour les citoyens des pays européens, dépossession de leur capacité à maîtriser leur destin. Et je crois qu’elle devrait au contraire trouver tout son sens dans le fait de les rendre plus libres et plus maîtres de leur avenir. Pour y parvenir, il faut qu’elle connaisse une remise en cause extrêmement profonde.

Justement, fort de cette expérience de député, pensez-vous qu’un homme politique puisse changer les choses de l’intérieur dans le cadre de l’Union européenne ?

Oui : je n’ai pas le sentiment d’avoir passé mon mandat, comme beaucoup de mes collègues d’autres groupes politiques, à consentir ou à commenter ; ce qui rend le mandat au Parlement européen intéressant, c’est qu’avec du travail et la patience qu’il faut pour construire des alliances, il est possible d’agir. Nous avons mené, et parfois gagné, des batailles majeures. Sur l’énergie nucléaire par exemple : nous avons empêché l’asphyxie de la filière nucléaire française par les règlements sur la taxonomie, et je crois pouvoir dire que j’y ai contribué de façon très directe, quand bien même tout le monde me promettait une défaite. On a parfois le sentiment d’assister, impuissants, à la déconstruction de la civilisation sur laquelle l’Europe est pourtant fondée : là aussi, nous avons réussi à mettre des crans d’arrêt importants. Je pense à l’amendement que j’ai déposé – il aura fallu s’y reprendre à plusieurs reprises, c’est toujours dans la durée qu’on gagne les combats – pour interdire à la Commission européenne de financer des campagnes faisant la promotion du hijab. Au-delà du combat contre cette dérive très concrète, cette victoire a permis de renverser une tendance : beaucoup m’ont partagé que, dans les cabinets des commissaires européens, une vigilance est désormais de mise sur le choix de leurs interlocuteurs, de leurs partenariats et leurs engagements. Tant mieux si nous avons pu faire que l’inquiétude change de camp !

Je n’ai pas le sentiment d’avoir passé mon mandat, comme beaucoup de mes collègues d’autres groupes politiques, à consentir ou à commenter ; ce qui rend le mandat au Parlement européen intéressant, c’est qu’avec du travail et la patience qu’il faut pour construire des alliances, il est possible d’agir.

Ces sujets sont essentiels, mais il faudra évidemment des ruptures beaucoup plus profondes pour changer significativement l’Union européenne. Et c’est une grande difficulté de l’engagement politique dans notre monde : on a parfois l’impression que nos victoires consistent surtout à éviter le pire, à ralentir la crise. On mène des combats de retardement, on essaie de combler des brèches et d’empêcher que le bateau ne coule trop vite. Ce n’est pas sans importance, bien sûr ; mais pour changer profondément de direction, il faudra plus que le travail parlementaire quotidien.

Que faudra-t-il alors, concrètement ? Qu’est-ce qui pourrait être réalisé pour changer cette Union européenne ?

Je crois que nous aurons d’abord besoin d’une véritable alternative politique en France. Car l’Union européenne est surtout conduite par les États-membres. Le Parlement européen n’est pas à l’initiative. C’est d’ailleurs le caractère un peu éprouvant de cette expérience : on reçoit des textes qui nous viennent déjà écrits par la Commission et dont les États membres ont eu l’initiative. Quand les Français se plaignent de l’Europe, ils doivent se souvenir qu’ils se plaignent d’abord de l’Europe que construit le gouvernement français. Et donc si nous rebâtissons une véritable alternative politique pour notre pays, nous pourrons faire en sorte que les choses changent structurellement au niveau européen.

Vous parliez tout à l’heure de l’importance pour un député de pouvoir agir et pas simplement consentir ou commenter. À cet égard, est-il important qu’il y ait une délégation française au PPE – et donc très concrètement des parlementaires LR au Parlement européen ?

Je crois que c’est fondamental, même si les Français ne sont pas forcément conscients de ces enjeux. Les Républicains appartiennent au PPE, qui est la première formation politique européenne. Il y a donc une équation électorale qui rend le vote LR spécialement utile, même si cela ne saurait suffire à fonder un vote.

Le débat européen a complètement ignoré la fin des clivages rêvée par Emmanuel Macron ; il est toujours structuré autour d’un clivage gauche-droite qui va se renforçant. Tendance par exemple accrue par l’actuel rapprochement du PPE avec les forces conservatrices, par exemple avec le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, avec lequel il discute aujourd’hui pour construire un vrai pôle politique qui puisse demain être majoritaire au niveau européen. Il est absolument clé que la France puisse être représentée dans ce qui est, dans ce qui va être le lieu de l’action politique la plus efficace et la plus influente. Et, par contraste, force est de constater que nos collègues du Rassemblement national par exemple, dans la mécanique des votes internes au Parlement, qui est aussi le résultat de leurs propres choix politiques, n’ont pas fait adopter un seul amendement en cinq ans, ni un seul texte. Ils n’ont pas gagné une seule bataille dans l’enceinte du Parlement européen.

Les Républicains appartiennent au PPE, qui est la première formation politique européenne. Il y a donc une équation électorale qui rend le vote LR spécialement utile, même si cela ne saurait suffire à fonder un vote.

Mais encore une fois, on ne peut pas demander aux électeurs de raisonner avec des calculs d’efficacité. Car je ne crois pas qu’une majorité d’entre eux se déterminera en se disant, comme Machiavel : où est le plus grand effet de levier possible ? De plus, c’est à nous de leur présenter une ligne politique claire à laquelle adhérer, à nous de faire en sorte qu’ils soient convaincus, pour pouvoir être représentés là où cela compte vraiment de l’être.

[…]

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Promesse tenue : contre la GPA, une étape essentielle franchie au Parlement

Promesse tenue au Parlement contre la GPA

Belle victoire ce 6 octobre : la proposition que François-Xavier Bellamy a déposée, avec le soutien de plusieurs collègues, pour interdire la gestation pour autrui (GPA) dans toute l’Union européenne, a été adoptée par une majorité de voix, de droite comme de gauche. Une étape essentielle pour la dignité des plus vulnérables. La prochaine phase est celle de la négociation interinstitutionnelle, dite aussi « trilogue ».

Une étape essentielle pour la dignité des plus vulnérables.

Le Figaro en parle

« Nous verrons comment la France se positionne sur le sujet au Conseil… », indique l’eurodéputé LR au Figaro. « Aujourd’hui, la GPA est illégale en France ; théoriquement, cette ligne devrait être soutenue », poursuit-il. « Si, au Parlement européen, le texte a été soutenu par le groupe socialiste, notons que les socialistes français, et certainement une partie de la macronie, ne sont pas sur cette ligne. Je ne sais donc pas ce que fera le gouvernement au Conseil sur ce sujet. J’espère qu’il le soutiendra », ajoute celui qui est pressenti pour conduire la liste des Républicains aux élections européennes de juin 2024.

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Summum jus, summa injuria : à propos de l’arrêt de la CJUE sur le contrôle des frontières

Intervention de François-Xavier Bellamy au Parlement européen le 4 octobre 2023 à l’occasion du débat sur le futur « Pacte asile et migration ».


« Le 13 septembre, 120 bateaux débarquent à Lampedusa. En quelques heures, des milliers de personnes entrent illégalement sur le sol européen.

Le 21 septembre, la Cour de Justice de l’Union européenne répond au Conseil d’Etat français : un État-membre n’a pas le droit de refouler hors de ses frontières une personne qui cherche à les franchir illégalement. Avant d’envisager une éventuelle expulsion – tenez-vous bien –, il faut laisser un délai à l’intéressé pour quitter volontairement le territoire national. Le seul droit qui reste à nos États est donc de prier poliment les gens de ne pas franchir illégalement leur frontière ; et quand ils les franchissent par milliers, – 330 000 l’an dernier selon Frontex –, il nous reste la possibilité de les inviter à ne pas rester. Chers collègues, ce n’est qu’une preuve de plus que le droit européen s’est retourné contre le droit. Summum jus, summa injuria : le maximum de la procédure, le maximum de la complexité, le maximum de la jurisprudence, atteint le maximum de l’injustice.

Summum jus, summa injuria : le maximum de la procédure, le maximum de la complexité, le maximum de la jurisprudence, atteint le maximum de l’injustice.

Injustice contre les victimes des réseaux de passeurs, qui ont fait de l’impuissance européenne la clé de leur business sordide.

Injustice contre les citoyens de nos pays, dont les démocraties sont privées de tout moyen de décider de qui elles accueillent ou non, et de maîtriser leur destin.

Injustice contre la loi elle-même parce que cette injustice en matière migratoire fait du monde entier une zone de non-droit.

Cher collègues, Monsieur le Commissaire : il est urgent de remettre le droit à l’endroit. »

À propos d’un débat annulé

En juillet dernier, M. Thierry Mariani, député européen du Rassemblement national, a vivement attaqué notre délégation à propos d’une résolution du Parlement européen sur le Liban. Il accusait Les Républicains d’avoir voté en faveur d’un texte qui imposait au peuple libanais de subir encore longtemps la crise causée par la présence sur son sol de millions de réfugiés syriens. J’ai répondu à cette accusation en montrant qu’elle était fausse, et plus grave encore, que nous avions travaillé pendant plusieurs semaines pour éviter précisément ce que M. Mariani avait laissé faire en brillant, comme de coutume, par son absence dans les batailles parlementaires concrètes où se décide l’orientation des textes.

Suite à cette polémique, le média Livre Noir nous a proposé de débattre ensemble en public au cours d’un événement organisé ce soir, 30 septembre, au Cirque d’hiver. J’ai immédiatement accepté, et M. Mariani en a fait de même. J’attendais ce débat avec beaucoup d’intérêt ; mais à ma grande surprise, il y a quelques jours, les organisateurs de l’événement m’ont contacté pour m’informer d’un changement : M. Mariani était toujours d’accord pour débattre, mais à condition qu’il ne soit pas question du Liban, ni par ailleurs de l’Arménie ou de l’Azerbaïdjan… Pour ma part, j’ai répondu que la seule condition de mon côté était qu’il n’y ait pas de condition ; que je voulais bien que toutes les questions soient abordées, même celles qui pourraient sembler difficiles ou dérangeantes ; mais qu’il était absolument impossible d’accepter par principe que le crime terrible que subit le peuple arménien soit ignoré une fois de plus, ou qu’on évite de parler de la crise du Liban, au motif que M. Mariani serait trop lâche pour assumer ses mensonges, ses silences, ou ses amitiés.

Incroyable mais vrai : M. Mariani a préféré se défiler quand il a su qu’il ne lui serait pas possible de fuir ces questions. Malgré cela, j’ai indiqué que je maintiendrais ma participation si un membre du RN assumait de le remplacer : apparemment il ne s’en est trouvé aucun qui ait assez de courage pour cela. Ce débat n’aura donc pas lieu.
Je prends le temps de vous raconter cette histoire, pour deux raisons : d’abord pour dire à ceux qui participeront à cet événement que je suis désolé de cette annulation bien involontaire ; il est important de tenir ses engagements, et il me semblait donc nécessaire de vous rendre compte, comme les organisateurs le feront j’espère, de la cause pour laquelle ce rendez-vous ne sera pas honoré.

Chers amis qui cherchez une droite enfin claire, intègre et loyale, exigez toujours d’aller au-delà des apparences.

La seconde raison est plus importante : cet épisode qui pourrait paraître anecdotique est en réalité tellement révélateur… Je sais bien que le parti auquel j’appartiens traîne avec lui la défiance accumulée par les déceptions qui ont marqué sa longue histoire ; et je vois combien certains jouent de cette colère accumulée depuis longtemps. Mais chez bien des élus qui se battent aujourd’hui à nos côtés, je vois plus de droiture, de courage, de volonté de servir, que dans la médiocrité si symptomatique que cette histoire manifeste, parmi tant d’autres épisodes. Chers amis qui cherchez une droite enfin claire, intègre et loyale, exigez toujours d’aller au-delà des apparences. Soyez conscients que les vitrines les plus attirantes peuvent cacher les cuisines les plus inavouables ; que ceux qui, par exemple, revendiquent bruyamment de sauver les chrétiens d’orient, sont capables de demander en ce moment qu’on passe sous silence l’Arménie et le Liban… Et si le RN vous séduit avec la promesse du renouveau, rappelez-vous qu’il donne vos voix à des élus qui n’assument rien, ni leurs choix, ni leur bilan, ni leurs soutiens, ni leurs mensonges.

Des sanctions contre l’Azerbaïdjan, maintenant.

Intervention de François-Xavier Bellamy en réunion spéciale de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, ce matin, après l’envoi, la veille avec Bruno Retailleau, d’une lettre au Président de la République.

« Chers collègues,

Nous sommes à l’heure terrible des conséquences.

Et ces conséquences, elles sont payées par le peuple arménien aujourd’hui, qui, dans le Haut-Karabakh, est victime d’une opération militaire, parce que le silence de l’Europe et du monde occidental au cours des derniers mois, malgré toutes les transgressions de l’Azerbaïdjan, n’a fait qu’inciter Aliyev à aller encore plus loin. Personne ne peut nier qu’aujourd’hui, ce qui est violé, c’est le droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire. Personne ne peut faire comme si l’essentiel n’était pas en jeu.

Et maintenant, il est temps de sortir de cette passivité, quand l’Azerbaïdjan prétend mener une opération antiterroriste et est en réalité en train de tuer des enfants, des femmes, des civils innocents. Il est absolument nécessaire que nous passions des condamnations – unanimes ici, et c’est tant mieux – à l’action.

Il faut des sanctions contre le régime d’Aliyev. Pas dans une semaine, pas dans quelques jours. Maintenant. Dans les heures qui viennent.

Il faut dénoncer le contrat gazier honteux qui nous lie à l’Azerbaïdjan. Pas dans quelques jours. Maintenant.

Et cela seul peut empêcher que le pire se présente à nous. Car le pire, c’est l’épuration ethnique qu’Aliyev veut organiser, qu’il a dit vouloir organiser. Chers collègues, l’Union européenne est née sur l’expérience d’un génocide. Le peuple arménien a déjà subi un génocide. C’était en 1915 et aujourd’hui, ceux qui sont en train de s’attaquer au Haut-Karabakh ne mènent pas seulement une guerre territoriale : ils attaquent un peuple qu’ils veulent faire disparaître, qu’ils veulent rayer de l’histoire. Et pourquoi ? Parce que ce peuple est lié à la civilisation européenne, par son héritage, par sa culture.

Il faut des sanctions contre le régime d’Aliyev. Pas dans une semaine, pas dans quelques jours. Maintenant. Dans les heures qui viennent. Il faut dénoncer le contrat gazier honteux qui nous lie à l’Azerbaïdjan. Pas dans quelques jours. Maintenant.

Est-ce que nous allons rester silencieux ? Est-ce que nous nous contenterons de grandes déclarations ? Est-ce que nous allons voir, à nouveau, le Conseil et la Commission poursuivre une forme d’aveuglement volontaire, mettre les deux parties sur le même plan ? Si nous continuons ainsi, chers collègues, nous serons responsables devant l’histoire de ce que nous aurons laissé commettre.

Et ce sera la trahison la plus grave que l’Europe puisse faire contre elle-même. »


 

Discours sur l’état de l’Union : réponse à Ursula von der Leyen

Oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.

Madame la Présidente,

En évoquant le bilan de la Commission, vous parlez de la force de l’Europe, de son efficacité… Mais où est passée la réalité ?

Au moment où nous nous parlons, le Secours populaire annonce que 20% des Français vit à découvert. Dans toute l’Europe, une personne sur trois se prive d’un repas pour tenir. Des millions de foyers, d’artisans, d’entreprises, n’arrivent plus à payer leur énergie.

Vous parlez de prospérité, mais malgré ce retour de la pauvreté, la Commission n’aura cessé de multiplier les contraintes sur ceux qui travaillent et produisent en Europe. La directive énergétique sur les bâtiments aggravera la crise du logement. La stratégie Farm to Fork fait baisser la production alimentaire. La taxonomie accélère le décrochage industriel. Vous avez longuement parlé d’électricité pour accélérer encore l’implantation d’éoliennes, mais toujours pas un mot sur le nucléaire, première source d’énergie décarbonée et accessible en Europe.

Vous promettez de réduire les normes : elles n’auront pourtant cessé de s’empiler ces dernières années, jusqu’à ce projet dit “Restauration de la nature” que nous avons combattu. La multiplication des contraintes ne protège pas l’environnement, elle nous rend seulement dépendants des autres pays du monde qui n’assument pas les mêmes coûts. Nous ne sauverons pas la planète en achetant des voitures électriques en Chine ; de même que nous ne sauverons pas la démocratie avec les Ukrainiens en achetant du gaz à la dictature azérie qui veut écraser les Arméniens.

De même, nous ne relancerons pas notre économie en augmentant une “immigration qualifiée”, comme vous le dites, mais en qualifiant ces millions de jeunes qui sont encore aujourd’hui loin de l’emploi. La seule réponse à l’hiver démographique en Europe, c’est de soutenir les familles, non de déstabiliser plus encore nos pays.

En nous appuyant sur elles, sur les talents de nos pays, sur le savoir, la culture des citoyens en Europe : oui, nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité.

Mayotte a soif

« Nous vivons évidemment une catastrophe humanitaire absolue à Mayotte. Monsieur le Président, je voudrais vous remercier d’avoir mis ce sujet sur la table de la commission REGI, parce qu’il est fondamental que nous puissions nous saisir de cette crise.

D’abord pour comprendre ce que nous vivons. Ce n’est pas une catastrophe naturelle. Bien sûr la sécheresse frappe Mayotte, mais ce que nous vivons, c’est le résultat d’une succession de décisions qui n’ont pas été prises, d’investissements qui n’ont pas été faits, de prévoyance qui n’a pas été garantie à la population de Mayotte. Depuis des années maintenant, nous alertons sur le sujet.

Les résultats désastreux de l’usine de dessalement

Je voudrais remercier les députés Mansour Kamardine et Estelle Youssouffa qui eux aussi font ce travail d’alerter sur la situation depuis longtemps. La première fois que j’ai travaillé avec Mansour Kamardine sur un sujet mahorais, c’était sur les résultats désastreux de l’usine de dessalement qui ne produit pas le service qu’elle devrait rendre aux Mahorais. Depuis des mois, depuis des années même, on pouvait savoir que cette situation conduirait à la crise que nous connaissons aujourd’hui.

Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation, il n’y a pas d’eau dans le robinet aujourd’hui. Ces tours d’eau sont simplement devenus de plus en plus longs, et l’eau devenue de plus en plus rare, ce qui fait que nous en arrivons à une situation telle qu’il y a des enfants à l’hôpital pour manque d’eau, parce qu’ils n’ont pas de quoi s’hydrater.

La piste d’un déblocage du FEDER

Cette situation désastreuse, nous devons comprendre comment elle a pu se produire. Où sont les 77 millions d’euros que le FEDER devait consacrer à la gestion de l’eau à Mayotte ? Comment ont-ils été mobilisés ? Quels résultats ont-ils donné ? Il y a un vrai travail à faire de diagnostic. Mais pour l’instant, il faut réagir en urgence, nous sommes en train de parler d’un bien de première nécessité. Il ne s’agit pas d’infrastructures de long terme, il ne s’agit pas ici de penser à des réformes en profondeur, il faut apporter de l’eau potable. Et l’eau potable est un bien absolument nécessaire à la vie, dans un département français, sur un territoire européen. Nous savons que beaucoup des dispositifs dont nous avons parlé – je pense par exemple au FSE – mettent du temps avant de se débloquer. Je crois à la piste que vous évoquiez d’un déblocage du FEDER pour pouvoir faire en sorte qu’il serve à acheter de l’eau potable à des pays tiers en urgence. Bien sûr, ça n’est pas ce dont nous aurions rêvé. Bien sûr, nous préférerions que Mayotte soit autonome en eau. Mais aujourd’hui, il faut répondre à l’urgence : il faut que les Mahorais qui sont obligés d’acheter à prix exorbitant de l’eau potable en bouteille, alors qu’ils vivent pour beaucoup d’entre eux sous le seuil de pauvreté, puissent se voir apporter de la manière la plus rapide qui soit cette eau dont ils manquent. Et si notre débat d’aujourd’hui peut servir à obtenir une décision en urgence, il aura été très utile. »

Les Mahorais sont des Français, ce sont des citoyens européens, ils vivent dans un département français. Et pourtant, dans un département français depuis des années, ils doivent s’habituer à des tours d’eau qui font que, par rotation.

Artsakh : à nos gouvernements d’agir, maintenant.

François-Xavier Bellamy avec Paruyr Hovhanissyan en Arménie

Retour de deux jours de déplacement en Arménie, pour de nombreux échanges, en particulier avec le vice-ministre des Affaires étrangères Paruyr Hovhannisyan et le vice-président du Parlement Ruben Rubinyan, afin d’évoquer l’appui urgent que nous devons à l’Arménie dans ce moment crucial.

Après plus de huit mois de siège par l’Azerbaïdjan, la situation dans le Haut-Karabakh s’aggrave chaque jour pour les 120 000 civils qui y vivent. Tout manque. Cette stratégie de la terreur a déjà fait plusieurs morts, faute de soins en particulier. Désormais la famine menace. Malgré la condamnation de la Cour Internationale de Justice, Aliev poursuit ce blocus inhumain. Les alertes se multiplient : il y a deux jours, Juan Mendez, ancien envoyé spécial de l’ONU pour la prévention des génocides a alerté sur le projet de nettoyage ethnique revendiqué par Bakou.

À nos gouvernements d’agir, maintenant.

L’Europe ne peut pas laisser faire. Le Parlement européen a voté l’amendement que j’avais déposé pour sanctionner le régime d’Aliev jusqu’au respect de l’arrêt de la CIJ. Ce levier peut sauver les civils menacés, dont trente mille enfants… La responsabilité de mettre en œuvre cette décision incombe à nos gouvernements : c’est à eux d’agir maintenant.

Pour mieux comprendre la situation en Artsakh

Pour mieux comprendre la situation en Artsakh, et pourquoi ce que défend aujourd’hui le peuple arménien concerne aussi notre propre sécurité et l’avenir de l’Europe, un lien vers ce colloque il y a deux mois à Bruxelles :

 

ChatGPT : opportunité ou péril pour l’humanité ?

François-Xavier Bellamy, Laurent Alexandre et Mathieu Michel ont débattu sur la révolution que constitue ChatGPT, lors d’une soirée organisé à Bruxelles par L’Institut Thomas More en partenariat avec le magazine L’Eventail.

 

 

Retrouvez l’analyse de la soirée par La Libre.